Fenêtre sur le Cinéma Expérimental
La Vie nouvelle, Philippe Grandrieux, 2002, 102'
La Vie nouvelle est une histoire d'amour crue au cœur d’un réseau de trafic humain. A l’instar des films de Marc Hurtado, qui réalise ici la bande son avec les projets Etant Donnés et Sol Ixent, ce film ne donne pas à regarder mais à ressentir. Philippe Grandrieux crée des affects purs, en convoquant les sensations des spectateurs. Ce film est une expérience à vivre.
Extrait audio:
Séance 2 : Correspondances
Que Philippe Grandrieux fasse appel à Marc Hurtado pour réaliser la bande sonore de certains de ses films ne surprendra personne tant les deux artistes explorent les même pistes et puisent dans des influences communes. Ainsi, dans le travail des deux cinéastes, l'empreinte d'Antonin Artaud est-elle bien palpable. À propos de La Coquille et le Clergyman (1928, co-real G. Dulac), le poète écrivait des mots qui résonnent haut et fort : « [ce sont] des images issues uniquement d'elles-mêmes et qui ne tirent pas leur sens de la situation où elles se développent mais d'une sorte de nécessité intérieure et puissante. »
Au milieu des années 70, Grandrieux réalise ses premières installations et ses premiers projets plastiques qui sont à la lisière du cinéma expérimental et de l’art vidéo. Il travaille également en tant que chercheur à l’INA où il approfondit ses réflexions sur les fondements de l’écriture audiovisuelle durant prés de vingt ans avant de réaliser son premier long métrage en 1999, Sombre. Il atteint un point d’orgue avec La Vie nouvelle en 2002, une histoire d’amour et de trahison au cœur d’un réseau de trafic humain. Dans ce film, la collaboration Hurtado (Etant Donnés/Sol Ixent)/Grandrieux est époustouflante. Si les deux cinéastes possèdent un univers distinct, le traitement visuel de l'un se fond dans la création sonore de l'autre. Il s'agit là d'une des meilleures bandes son du cinéma, entraînant le spectateur dans un tourbillon à la fois infernal et édénique comme une sorte de transe cinématographique.